Mars 2020
Centre hospitalier de Figeac : "Éviter que les salles d’attente soient un lieu de contamination potentielle"
Le centre hospitalier de la ville se mobilise pour faire face à l’arrivée de malades de coronavirus. Le directeur de l’établissement Raphaël Lagarde (photo) livre son plan de bataille.
Comment l’hôpital de Figeac se prépare à faire face
à la crise sanitaire ? Quelles mesures ont été mises en
place ?
Nous avons bien évidemment appliqué scrupuleusement les
consignes régionales et nationales en termes d’organisation.
Nous avons rapidement limité puis interdit les visites. Nous
avons aussi limité au maximum nos déplacements sur le
département et les mouvements au sein de notre
établissement. Le point essentiel est que nous avons
travaillé sur la déprogrammation de l’activité chirurgicale
dans le but de mobiliser plus facilement des lits pour
l’arrivée de patients en détresse respiratoire. Cela
concerne grosso modo les trois quarts de nos passages au
bloc. On a par ailleurs prévu toute une distinction de flux
des patients en mettant en place un poste médical avancé à
l’entrée des urgences et en réservant un secteur
d’hospitalisation avec du personnel dédié et des moyens
adaptés. Deux unités seront dédiées aux cas avérés avec des
soins continus pour des personnes qui ont besoin de
ventilation et une autre unité réservée aux formes les plus
sévères.
Pourquoi avoir fait le choix d’installer un poste
médical avancé devant l’hôpital ?
Il répond à une problématique que nous avons ici : notre
service des urgences est architecturalement un peu
contraint. Il nous a paru essentiel de séparer les personnes
qui présentent des infections respiratoires, qu’elles
puissent être prises en charge à l’extérieur. L’objectif est
de pouvoir distinguer des cas des autres pathologies sans
passer aux urgences qui continuent à fonctionner. Il faut
absolument éviter que les salles d’attente de l’hôpital
soient un lieu de contamination potentielle.
Constatez-vous un afflux de patients inquiets par
l’épidémie aux urgences ?
On voit à Figeac une baisse de la fréquentation de nos
urgences. Il y a un effet coronavirus. Comparativement le
flux de personnes souffrant de problèmes respiratoires est
monté car on s’écoute un peu plus et quand quelqu’un
commence à avoir la gorge qui gratte, on s’affole. Je
profite pour rappeler à chacun qu’il faut contacter son
médecin traitant et à défaut ou en cas de signes graves,
appeler le 15.
Avez-vous la possibilité de réaliser des tests pour
détecter le Covid-19 ?
Nous avons tout le matériel à notre disposition pour
procéder au prélèvement sur indication exclusive du Samu qui
nous oriente les cas. Ce prélèvement à ce jour sera traité
par le CHU de Toulouse. Pour le moment, les infectiologues
de Cahors analysent systématiquement chaque cas pour
organiser la nécessité ou pas de procéder à un test. Comment
se mobilise le personnel soignant ? Les professionnels sont
là, présents. Jusqu’à présent il n’y a eu aucune nécessité à
rappeler des agents ou à réquisitionner. Les personnels se
mobilisent d’eux-mêmes, proposent de supprimer leurs congés.
On a même des personnes en retraite récente ou en congé
parental qui se proposent pour venir renforcer les équipes.
C’est très réconfortant.
Connaissez-vous un problème avec le matériel de
protection comme les gants et les masques ?
On a le matériel technique suffisant mais au niveau du
consommable comme les gants et les masques, on a une réelle
tension au niveau national. Tous les établissements et les
professionnels essayent de conforter leur stock. Les masques
sont orientés en privilégiant les zones de circulation
active qui sont dans la région l’Aude et l’Hérault. Cela
entraîne pour des zones comme ici une situation un peu
compliquée. On a eu confirmation par l’ARS que des stocks
seraient acheminés auprès du CH Cahors pour être ensuite
distribués ici.
La solidarité devient… virale
Face au virus, de multiples initiatives solidaires voient le jour. À l’hôpital et l’Ehpad, les patients et résidents privés de visites sont choyés. "On maintient le lien avec la famille par téléphone. Le Covid aura ça de positif : nous avons réalisé les premiers échanges par Skype" souligne Raphaël Lagarde. Le directeur de l’hôpital tient à saluer aussi le geste solidaire et civique de Ratier qui a proposé de mettre à disposition des soignants des masques FFP2.Article de la Dépêche du Midi